Par Le |
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Qu'appelle-t-on «farines animales»? Ce sont des substances issues de la cuisson de déchets d'origine animale. Elles sont produites par les équarrisseurs qui collectent ces déchets aux divers points de la filière animale: fermes, abattoirs, ateliers de découpe et de transformation, boucheries. Toutes les espèces sont susceptibles d'entrer dans leur composition : bovins, ovins, caprins, porcins, poissons, lapins, volailles, chevaux. Cependant, depuis 1996, on distingue deux types de farines animales, selon la nature des déchets à partir desquels elles sont fabriquées. Les premières, considérées «à hauts risques» de transmission de la maladie de la vache folle, sont destinées à être détruites par incinération. Elles sont issues de la cuisson de cadavres d'animaux ramassés à la ferme; de vaches détectées comme «folles»; de troupeaux de bovins abattus après la découverte d'un cas d'ESB; et de tous les organes bovins et ovins classés dans la catégorie des «matériaux à risques spécifiés» (MRS) (voir infographie ci-contre). Reste la seconde catégorie de farines animales, celles dont l'interdiction fait à présent débat. Elles sont fabriquées à partir de déchets issus d'animaux déclarés sains et dont les MRS ont été retirés. Ces sous-produits, non commercialisables en alimentation humaine, sont de nature extrêmement variée: os, viande, pattes, sang, rectum, estomac vidé, etc. Ces farines sont autorisées dans la composition des aliments servis aux non-ruminants (porcs, volailles, lapins, poissons, chevaux). Elles sont interdites en France aux bovins depuis 1990. Pourquoi les farines animales, interdites aux ruminants, sont restées autorisées pour les autres espèces? Dès 1988, il est apparu que les farines contenant des déchets de ruminants sont le vecteur de l'ESB. Elles ont donc été supprimées pour les bovins dès 1990. En revanche, elles sont restées au menu des autres espèces, lesquelles semblent résistantes au prion. En effet, aucun cas d'encéphalopathie spongiforme n'a jamais été constaté dans des élevages de poulets, de poissons, de chevaux, de lapins et de porcs. 430 000 tonnes de ces farines animales sont aujourd'hui utilisées en France, issues de 1,2 million de tonnes de déchets animaux. Pourquoi le bannissement des farines est-il d'actualité? Les bovins ont continué à consommer des farines animales malgré leur interdiction. En effet, le renforcement de la surveillance, accentué par la campagne de dépistage, a permis de révéler un nombre croissant de cas de vaches folles en France. Tous ces animaux sont nés après 1990: aucun d'entre eux n'aurait dû manger de farines carnées. L'interdiction n'a pas été respectée, des «contaminations croisées» entre les filières d'alimentation pour ruminants et non-ruminants se sont produites. A qui la faute? Le fait que les services de fraudes tolèrent des traces de farines dans l'alimentation bovine trahit un écart entre la réglementation et son application. La seule façon d'empêcher les contaminations semble désormais de supprimer leur source en bannissant radicalement les farines. En quoi l'avis des scientifiques peut-il éclairer cette question? Le ministère de l'Agriculture a demandé à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afsaa) «d'évaluer les risques liés à l'utilisation des farines animales dans l'alimentation des non-ruminants». Autrement dit, les risques liés à leur maintien comme à leur retrait. L'Afssa examinera à cette occasion quatre questions. Les farines présentent-elles un risque pour les non-ruminants? Leur interdiction aux ruminants a-t-elle été correctement appliquée? Quels seraient les risques de pollution des aliments (et notamment des eaux) générés par les filières de destruction des farines? Les aliments de substitution aux farines présentent-ils un risque? Elle rendra son avis d'ici à quatre mois. |
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